Avec du Furlan dedans.
https://www.ouest-france.fr/sport/footb ... e0695f50c2Mais comme vous ne devez pas avoir tout l'article si vous n'êtes pas abonnés, voici la fin avec le passage en question.
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Et donc Auxerre vous a fait changer d’avis…Au moment de l’appel, une personne de la Ligue réunionnaise de football m’assure que ce n’est pas une blague et qu’elle veut me voir au restaurant pour discuter du contrat. J’arrive et je vois le protocole de contrat (nombre d’années, options, salaires, etc.). Sincèrement, je n’arrivais pas à comprendre ce qui m’arrivait. Pour moi ce n’était pas possible. Du coup, il appelle le directeur sportif d’Auxerre devant moi et je comprends que c’est vrai. Je lui dis directement que je veux venir. Il m’explique que je dois prendre un avion dès le lendemain car c’est la fin du mercato. Donc je rentre chez moi, je raconte tout ça à ma famille et à ce moment-là j’ai un gros doute, car je me remémore ce qui s’était passé à Nîmes. Mon entourage m’explique qu’une chance comme celle-là, il n’y en a qu’une, et dès le lendemain je pars, je quitte toute ma vie d’avant, et je signe un contrat à Auxerre.
Comment se sont déroulés les premiers jours à Auxerre ?On m’avait dit que j’allais faire les six premiers mois en équipe réserve, car je venais de faire la saison entière en R1 (la saison est décalée à La Réunion par rapport au changement climatique), et qu’après j’allais intégrer l’équipe professionnelle. Quelques semaines après, il y a eu la pandémie donc c’était compliqué (rires). Je suis rentré à La Réunion pendant le Covid. Sauf qu’à mon retour à Auxerre, ça ne s’est pas passé comme prévu.
C’est-à-dire ?Je n’ai jamais intégré le groupe professionnel, parce que
le coach (Jean-Marc Furlan) ne voulait pas de moi, ne voulait rien savoir de moi. C’était clairement un personnage assez spécial. Hormis la dernière saison où je faisais quelques bancs de touche en Ligue 2 et les entraînements avec l’équipe professionnelle, j’ai passé mon temps avec la réserve. Je ne me suis jamais qualifié comme un joueur professionnel. Au total, j’ai dû faire dix feuilles de matches en Ligue 2, mais jamais je ne suis entré sur le terrain.
Cette situation devait être difficile à vivre…Totalement, tu sais que tu es là pour le nombre, pour boucher les trous car il y a des blessés ou des suspendus. Mais tu ne peux rien dire, tu dois rester professionnel et fermer ta bouche.
À tous les coups, Furlan ne connaissait pas mon nom.Mais vous avez ce mérite de vous accrocher…Plusieurs fois j’ai voulu baisser les bras, rentrer chez moi, car j’étais dégoûté, mon ego était touché. Il faut savoir que je n’ai jamais triché, je faisais énormément de sacrifices. À ce moment-là, le staff de l’équipe réserve (David Carré, Sébastien Puygrenier, Rudy Slepko), que je ne remercierais jamais assez, m’a beaucoup aidé à relever la tête et à ne pas abandonner mon rêve. J’ai donné le maximum de moi-même en National 2, et ça m’a permis de rebondir.
Un rebond à Bourg-en-Bresse en National, et le début d’une très belle aventure ?Bourg-en-Bresse, c’était un point de chute inespéré. Juste avant que je signe, j’étais retourné à La Réunion avec ma femme. Et mon ancien club voulait me faire revenir. J’ai demandé aux dirigeants d’attendre encore une semaine avant de prendre ma décision et c’est là que le FBBP arrive. Alain Pochat, l’entraîneur de l’époque, m’a appelé et j’ai senti à travers son discours qu’il comptait vraiment sur moi. Il m’a clairement dit que s’il me prenait ce n’était pas pour être sur le banc. Mais ça s’est joué dans les dernières minutes (rires).
Comme promis, cette fois, vous êtes titulaire toute la saison. Comment s’est passée l’intégration en National ?C’était une belle année. Malheureusement il y a eu la descente, mais personnellement je réalise une superbe première saison en National. Je finis avec sept passes décisives en championnat. Et après je signe à Orléans, toujours en National, malgré quelques pistes en Ligue 2. En revanche, je n’étais pas prêt à aller à l’étranger car ma femme était enceinte.
Avec Orléans, vous faites un magnifique parcours en Coupe de France, durant lequel vous affrontez le Paris Saint-Germain en 16es (défaite 1-4). Est-ce la plus belle rencontre de votre carrière ?C’est le plus beau, le plus gros, tout ce que vous voulez ! Quand il y a eu le tirage, certains coéquipiers étaient tellement excités que j’ai cru qu’on avait gagné la Coupe du monde ! À Paris, ce sont des joueurs de classe mondiale, des champions du monde. Pouvoir jouer contre eux, c’était incroyable et très intéressant. Tu ne penses pas à tout ce qu’il y a autour. Nous, on croyait à nos chances, mais c’était vraiment un niveau différent (rires). Ils se trouvaient les yeux fermés, ça allait trop vite. Je n’ai même pas eu le temps de demander un maillot (rires).
À la fin de la rencontre, Kevin Fortuné a eu un discours très touchant en rendant hommage à sa fille décédée. Humainement, est-ce un moment qui marque ?
Clairement ! On sait combien c’est difficile de perdre un être proche. Là c’est son enfant, sa fille. C’est très dur à vivre. C’est quelque chose qui te met un coup à vie. Et nous, en tant que coéquipiers, même si on ne peut rien faire pour y remédier, on se doit d’être là pour lui donner du réconfort, lui montrer qu’on est ensemble. Le vestiaire, qui était déjà très soudé, l’a été d’autant plus après cela.
En revanche, je ne trouve pas ça juste pour Kevin que la vidéo ait été diffusée de cette manière. C’est quelque chose d’intime. D’autant plus que Kevin est quelqu’un qui a toujours la banane sur le visage, il est tout le temps à donner de la bonne humeur dans le vestiaire. Mais cette vidéo a au moins pu montrer que le vestiaire est rempli de bons mecs.
Que pouvons-nous vous souhaiter pour la suite de votre carrière ?Une montée avec Orléans en Ligue 2 ce serait vraiment bien. Ça me permettrait de prendre une revanche.